Aluka Eklis

Maman.

C'est à la Poigne des Dieux que je t'écris ces mots, assise sur les herbes blondes qui surplombent la côte. J'aimerais tant que tu sois à mes côtés. Que tu puisses entendre le roulement des vagues s'écraser contre les rochers, ou encore sentir le vent ébouriffer tes cheveux. Tout est comme tu me l'as raconté, et je comprends maintenant pourquoi tu as toujours regretté d'avoir quitter la Noscea.
Abandonner la tribu et quitter Sombrelinceul n'a pas été facile. Mais plus rien ne me retenais depuis que tu es partie. Quelques jours après mon départ, je rejoignis quelques marchands ambulants qui m'emmenèrent jusqu'à Horizon.
Tous mes doutes furent envolés lorsque je me retrouva face à l'océan. Ma route semblait tracée, devant cette infinité qui reflétait le ciel étoilé.
Je me souviens encore des sombres histoires de pirates que mes frères me contaient autrefois. Ceux-là qui sillonnaient les mers pour piller et couler les bateaux de transports. Malgré la peur, mon arrivée en Noscea se fut sans encombre, et c'est le cœur plein d'espoirs que je foula ta terre natale.

Les premiers jours ne furent pas de tout repos. Comment profiter de ce que ce pays pouvait m’offrir si je n’y mettais pas du mien ? J’avais déboursé mes derniers gils pour la traversée et je devais maintenant repartir de zéro.
Je trouva le logis en Basse Noscea. Auprès de Rostneh, un vieu roegadyn qui surveille les phares à la torche d’Oschon. Je l’accompagna et l’aida dans sa tâche durant quelque temps, en pêchant pour lui le repas de la journée ou en guettant l'horizon, face à la baie de Moraby.
Je ne pouvais trouver meilleur endroit. La lumière prends un tout autre sens ici, sur les plages de la Noscea. Ce ciel éclatant au dessus de l’océan lunatique, tantôt calme, tantôt déchaînée me redonna l’envie. L’envie qui avait disparue avec toi. L’envie de peindre.

Bientôt, je fis l’acquisition d’un nouveau matériel de peinture. La qualité de la toile et des pigments ne valent pas celles de Gridania, mais qu’importe. Pour la première fois depuis ton départ, je pouvais à nouveau m’exprimer en couleur.
Je suis loin d’avoir ton talent. Loin de capturer le moment présent comme tu le faisais si bien, mais une nouvelle vie s’offre à moi, et je compte bien saisir tout ce que le ciel tient à me raconter.

Lorsque je ne peins pas, je me retrouve souvent installée à une table du Bismarck. Je fais alors ce que je sais faire de mieux. Tu aurais voulu que je devienne plus que spectatrice de ce monde, mais manifestement, cette place me plait beaucoup.
J’observe et écoute les histoires des marins ou des aventuriers. Me laissant bercer par leurs histoires.
J'ai entendu dire que le Coerthas est tout aussi unique qu’ici. Que le ciel bleu azur éblouit les plaines enneigés. Une fois que j'aurais réussis à capturer l’essence et la lumière de ces îles, j'irais surement là-bas. Je veux réaliser ton rêve qui est aussi le mien à présent. Je veux voyager, en voir d’avantage, et me nourrir de ce que ce monde a à m’offrir.

Une goutte de pluie vient de m'effleurer le visage, c’est surement le moment de rentrer.
Maman, depuis que tu es partie, je ne me suis jamais sentie aussi proche de toi. Malgré tout, tu continues de me manquer. Et tu me manqueras pour toujours.

Aluka.